Le développement cognitif chez les enfants d'âge préscolaire implique la maturation des fonctions mentales supérieures telles que l'attention, la mémoire, l'apprentissage et la perception, et prédit les performances scolaires ultérieures(1).

Des compétences telles que faire ses premiers pas, sourire pour la première fois, et dire « au revoir » en agitant la main sont appelées jalons développementaux. Les enfants atteignent des étapes clés dans leur manière de jouer, d’apprendre, de parler, de se comporter et de bouger.

Les enfants se développent à leur propre rythme, mais les jalons des compétences cognitives donnent une idée générale des changements à attendre au fil du temps, facilitant le suivi de leur développement et le diagnostic précoce d’un éventuel retard.

À 3 ans, un enfant possède un vocabulaire de plusieurs centaines de mots, s’exprime en phrases de 3 mots, compte 3 objets et pose des questions ; il connaît également son nom, son âge et son sexe. Il peut s’habiller avec de l’aide, se nourrir facilement, commence à partager et peut participer à des jeux. Il devient moins craintif lorsqu’il est séparé de sa mère ou de son soignant pendant de courtes périodes, bien qu’il ait peur de choses imaginaires. Les crises de colère sont fréquentes à cet âge.

Un enfant typique de 4 ans dispose d’un vocabulaire de plus de 1 000 mots, forme aisément des phrases de 4 ou 5 mots, peut compter jusqu’à 4, se montre curieux, pose de nombreuses questions, apprend et chante des chansons simples. Il essaie d’être très indépendant, peut présenter un comportement plus agressif et manque de notions morales du bien et du mal. Il a souvent des amis imaginaires, une meilleure compréhension du temps et est capable de différencier deux objets selon leur taille ou leur poids.

À 5 ans, un enfant dispose d’un vocabulaire de plus de 2 000 mots, s’exprime en phrases de 5 mots ou plus, peut compter jusqu’à 10, nommer correctement les couleurs primaires et répondre aux questions « pourquoi ».

Il devient plus responsable, présente moins de comportements agressifs et surmonte ses peurs d’enfance. Il se fait des amis et aime imaginer et faire semblant pendant le jeu.

À partir de 6 ans, l’enfant gagne en indépendance vis-à-vis de ses parents et de sa famille. Il commence à penser à l’avenir, comprend mieux sa place dans le monde, accorde plus d’importance à l’amitié et au travail d’équipe et souhaite être accepté par ses pairs. Il montre un développement rapide de ses capacités mentales, apprend à mieux décrire ses expériences et à exprimer ses pensées et ses sentiments. Il se concentre moins sur lui-même et se soucie davantage des autres(2).

Pour un développement neurocognitif normal, l’enfant a besoin d’un environnement sûr et sain.

La nutrition joue un rôle majeur dans le développement cérébral et comportemental postnatal.

Le développement du cerveau est plus rapide durant les premières années de vie comparé au reste de l’organisme, ce qui le rend particulièrement vulnérable aux carences alimentaires, et tant la sous-alimentation que la suralimentation ont un impact négatif sur la capacité d’apprentissage de l’enfant(1,3).

De plus, le cerveau est l’organe le plus actif métaboliquement, mais il dispose de réserves énergétiques très limitées ; il dépend donc de l’alimentation pour un apport continu en sucre et en micronutriments essentiels(4).

La malnutrition durant la première année de vie a un effet durable sur le comportement et la cognition(4). Les enfants plus âgés avec une mauvaise alimentation peuvent être fatigués et incapables d’apprendre à l’école, ce qui affaiblit leur système immunitaire et les rend sujets à des infections récurrentes et à l’absentéisme scolaire.

Le petit-déjeuner est très important. Les enfants peuvent se sentir fatigués et démotivés s’ils ne prennent pas un bon petit-déjeuner, et le lien entre le petit-déjeuner et une amélioration des performances scolaires a été clairement établi(4).

Certains nutriments jouent un rôle clé dans le développement cérébral, comme les acides gras oméga-3, essentiels pour le fonctionnement du cerveau. Des niveaux adéquats de vitamine B12, d’acide folique et de choline sont associés à de meilleures performances cognitives, tout comme un apport en multivitamines et minéraux. La vitamine A aide la vision et la peau, la vitamine C est nécessaire à la croissance osseuse et la vitamine D est indispensable aux os, aux dents et à la croissance générale. La supplémentation en zinc a un effet positif sur le système immunitaire de l’enfant et peut favoriser le développement cognitif. La relation entre le fer et le développement cognitif a fait l’objet de nombreuses études ; de plus, une carence en fer dès le plus jeune âge peut avoir des conséquences irréversibles. L’iode est crucial pour la fonction thyroïdienne, une glande responsable du développement et de la maturation du cerveau, et sa carence provoque un retard neurodéveloppemental(1,4).

Il est donc essentiel de veiller à une alimentation équilibrée chez les jeunes enfants, et le lait – à condition d’être adapté à leur âge, comme le lait de croissance – constitue une bonne source de nutriments et de vitamines.

L’obésité est une forme particulière de malnutrition, car l’alimentation tend à être de faible densité nutritionnelle tout en étant riche en matières grasses et en glucides. Cela peut entraîner des performances scolaires moins bonnes, probablement en raison de modifications métaboliques médiées par des facteurs sociodémographiques tels que la discrimination et l’isolement(5).

En résumé, l’enfance est une étape cruciale dans l’acquisition des capacités physiques et mentales, et une alimentation équilibrée a un effet positif sur tous les aspects du développement cognitif de l’enfant.

Dr. Dina HELOU KAHI

Pédiatrie générale et vaccinologie

^{1- Anett Nyaradi, Jianghong Li et al., The role of nutrition in children’s neurocognitive development, from pregnancy through childhood. Front Hum Neurosci. 2013;7:97.}

^{2- CDC, child development.}

^{3- Francisco J. Rosales, J. Stevens Reznick et Steven H. Zeisel, Understanding the Role of Nutrition in the Brain and Behavioral Development of Toddlers and Preschool Children: Identifying and addressing Methodological Barriers. Nutr Neurosci. 2009;12(5):190-202.}

^{4- David Benton, The influence of dietary status on the cognitive performance of children. Mol Nutr Food Res. 2010;54(4):457-470.}